Le mercredi 21 mai 2025, la République Centrafricaine a franchi une étape décisive dans la facilitation de l’accès au crédit pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) avec le lancement officiel du Fonds National de Garantie et d’Investissement (FNGI). Ce fonds, conçu dans le cadre du projet I-COMPETE, soutenu par la Banque mondiale, vise à répondre aux besoins financiers des PME du pays en facilitant leur accès aux financements bancaires, souvent freinés par des conditions strictes et des garanties jugées trop élevées.
L’événement, qui s’est tenu à Bangui, a été présidé par M. Hervé Ndoba, ministre centrafricain des Finances et du Budget, en présence de M. Guido Rurangwa, représentant de la Banque mondiale en République Centrafricaine, et de Dr Modibo K. Camara, chef de la délégation du cabinet A2F Consulting. Cette cérémonie a marqué la fin d’un processus de mise en œuvre intense du FNGI, qui promet de transformer l’environnement économique de la RCA.
Un projet structurant pour l’économie centrafricaine
Le FNGI s’inscrit dans le cadre du projet I-COMPETE, un programme stratégique visant à améliorer la compétitivité des entreprises et à favoriser la création d’emplois en République Centrafricaine. Placé sous la responsabilité du ministère des Finances et du Budget, ce projet est soutenu financièrement par la Banque mondiale et se concentre principalement sur l’amélioration de l’accès des PME aux financements.
Le représentant de la Banque mondiale, M. Guido Rurangwa, a souligné l’importance de cette initiative pour le développement économique de la RCA. Il a affirmé que le FNGI est un élément clé du Plan National de Développement (PND) du pays, ainsi que de la stratégie de la Banque mondiale pour soutenir la croissance et la diversification économique de la Centrafrique.
L’accès aux crédits : un enjeu majeur pour les PME
L’accès au crédit reste l’un des principaux obstacles au développement des PME en Centrafrique. Selon les statistiques disponibles, seulement 22 % des petites et moyennes entreprises ont eu accès à un crédit formel au cours des trois dernières années. Parmi les raisons invoquées figurent des exigences de garanties excessives, une évaluation de risques trop élevée, ainsi qu’une faiblesse des infrastructures de micro-crédit.
Le FNGI a pour vocation de résoudre ces problématiques en réduisant le risque perçu par les banques et institutions financières. En partageant une partie du risque avec les établissements prêteurs, le FNGI permet aux PME d’accéder plus facilement à des financements. Ce fonds dispose d’un capital initial de 5 millions de dollars et peut assurer des crédits pouvant atteindre jusqu’à 15 millions de dollars, grâce à un effet de levier garanti d’environ 3.
Un mécanisme de garantie innovant
Ce fonds de garantie n’est pas simplement une aide financière, mais un mécanisme qui permet de sécuriser les prêts tout en restant discret. En effet, les banques pourront demander la garantie du fonds lorsque le dossier d’un emprunteur est jugé risqué, sans pour autant que l’emprunteur ne sache si son prêt est effectivement couvert par la garantie. Cette approche vise à éviter les comportements opportunistes et à garantir la rigueur des emprunts.
Les PME bénéficiaires pourront ainsi utiliser ces crédits pour investir dans du matériel, embaucher de nouveaux employés ou encore lancer des projets innovants, notamment dirigés par des femmes entrepreneures ou des jeunes talents. Cette démarche vise à dynamiser le secteur privé et à créer de l’emploi durable en Centrafrique.
Une collaboration internationale réussie
La mise en place du FNGI a été facilitée par une étroite collaboration entre le gouvernement centrafricain et plusieurs partenaires internationaux. En particulier, le cabinet A2F Consulting, spécialiste dans la mise en œuvre de fonds de garantie à travers plusieurs pays africains, a joué un rôle crucial dans l’accompagnement du processus. Une mission de ce cabinet à Bangui, du 19 au 23 mai 2025, a permis de finaliser les derniers détails de l’opérationnalisation du fonds, marquant ainsi le passage à la phase d’exécution du projet.
Le cabinet A2F a aussi assuré que le FNGI respecte les standards internationaux, garantissant ainsi sa pérennité et son efficacité. Le financement pour la capitalisation du fonds, qui s’élève à un total de 10 milliards de FCFA, sera assuré en grande partie par la Banque mondiale, avec un apport initial de 3 milliards de FCFA. Ce soutien financier constitue une base solide pour garantir une mise en œuvre optimale du fonds.

Un impact immédiat sur l’entrepreneuriat
Le lancement du FNGI intervient dans un contexte économique dynamique, où des signes d’optimisme émergent. En effet, le Guichet Unique des Formalités des Entreprises (GUFE), soutenu par le projet I-COMPETE, a enregistré une augmentation significative de ses activités. Entre janvier et mars 2025, 728 nouvelles entreprises ont été créées en Centrafrique, soit une hausse de 26 % par rapport à l’année précédente. Ce dynamisme témoigne de la réussite des réformes en cours, et le FNGI joue un rôle crucial dans ce processus en facilitant l’accès aux financements pour ces nouvelles structures.
Conclusion : Un avenir plus serein pour les PME
Le Fonds National de Garantie et d’Investissement constitue une réponse concrète et ambitieuse aux défis financiers rencontrés par les PME en Centrafrique. Avec un mécanisme innovant de partage des risques et un accompagnement stratégique, ce fonds devrait accélérer l’accès au crédit, encourager l’investissement et stimuler l’entrepreneuriat en République Centrafricaine.
L’initiative du FNGI, couplée avec le soutien international, marque une étape importante vers un environnement des affaires plus inclusif et compétitif. Ce projet devrait non seulement renforcer la croissance des PME, mais également avoir un impact positif sur la création d’emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes entrepreneures, contribuant ainsi à l’essor économique du pays.